Les revues scientifiques

La naissance des revues scientifiques au XVII° siècle

Avant l’apparition des revues scientifiques, le mode de communication des savants était la correspondance. En 1665, les deux premières revues scientifiques sont créées presque en même temps en France et en Angleterre : la revue Philosophical Transactions of the Royal Society of London et le Journal des sçavans (Bach 2017). La publication de revues permet aux sociétés savantes de diffuser les découvertes sur un support stable, pérenne et surtout validé par la communauté. En effet, les communautés scientifiques sont des « espaces de rencontre et de débat » entre érudits (Caune, 2013). Elles sont considérées comme des cercles d’experts auprès de l’Etat et décident si telle ou telle découverte ou avancée relève du domaine scientifique. Ce sont des autorités savantes car elles garantissent la conformité, la valeur scientifique et l’authenticité. Elles détiennent de fait une certaine notoriété. Ce sont ces critères qui permettent à un chercheur d’être reconnu par ses pairs et de gagner en visibilité. Les revues scientifiques représentent un bouleversement non seulement en ce qui concerne la diffusion et la validation des découvertes scientifiques mais aussi en ce qui concerne la manière de travailler des savants qui peuvent alors « se référer à des supports écrits pour appuyer et construire leurs recherches » (Verlaet et Chante, 2017).

Le développement des revues scientifiques 1850-1914

Après la création des premières revues scientifiques, celles-ci se développent progressivement jusqu’au XX° siècle. On note quatre évolutions majeures, comme le relatent Verlaet et Chante (2017) : Au milieu du XVIII° siècle apparaissent les premières revues spécialisées comme les Annales de chimie (Bach, 2017). En 1789, la déclaration des droits de l’Homme, article II annonce la liberté
d’imprimer, ce qui ouvre la voie à d’autres thématiques et augmente le rythme des publications. Durant la IIIe République, le savoir se diffuse dans les universités, où de nouvelles disciplines apparaissent et où les travaux de recherche peuvent se faire librement. À la fin du XIXe siècle, le délai de publication d’un article reste long, ce qui a des conséquences sur la prise en compte des nouvelles découvertes par les chercheurs. Cependant, en raison du développement de l’Information Scientifique et Technique, on assiste à l’arrivée des professionnels de l’information qui apportent des nouvelles techniques en documentation qui permettent de faire face à l’augmentation du nombre des publications. Les éditions scientifiques restent néanmoins toujours gérées par les communautés et des entreprises d’érudits. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ! En effet, l’édition scientifique n’est pratiquement plus assurée par des sociétés savantes mais est à présent aux mains de grands éditeurs commerciaux en situation d’oligopole, lesquels réalisent d’énormes profits.

Bibliographie

BACH Jean-François, « L’édition scientifique victime de son succès », discours à l’Académie des Sciences, 03/02/2015 URL : http://www.academie-sciences.fr/pdf/discours/s170614_bach.pdf

CHARTRON, Ghislaine et SCHÖPFEL Joachim, « Open access et Open science en débat », Revue française des sciences de l’information et de la communication, 11, 2017. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/3331

GUEDON, Jean-Claude, « A l’ombre d’Oldenburg : Bibliothécaires, chercheurs scientifiques, maisons d’édition et le contrôle des publications scientifiques », ARL Meeting, Toronto Université de Montréal, 2001. URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00395366/document

VERLAET Lise, CHANTE Alain, « La notion d’autorité dans l’édition de la recherche : évolution des formes, changements d’autorité ? », Communication & langages, vol. 192, no. 2, 2017, pp. 27-46 URL : https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages1-2017-2-p-27.htm