Big Data et Intelligence artificielle – Interview de Vincent MORENO, co-fondateur de la société HUPI

Entreprise HPI (source : http://www.hupi.fr/)
Entreprise HPI (source : http://www.hupi.fr/)

Sur votre site, vous écrivez que votre plateforme devient pour le client son « usine de traitement et valorisation analytique des flux de données ». Je trouve le choix du mot « Usine » très intéressant. Mais pourriez-vous expliquer pourquoi ce choix ?

« C’est mon collègue qui a eu l’idée pour ce mot. Tout simplement car au début de l’aventure, le mot « plateforme » ne parlait à personne. Alors que le mot « usine », par rapport au Big Data, était beaucoup plus simple à expliquer aux clients.

En effet, comme dans une usine, il y a des matières premières qui vont entrer. Comme dans l’usine, vous avez des machines-outils qui vont travailler ces matières premières pour faire un nouveau produit. Et c’est ce nouveau produit que vous allez vendre. Voilà pour l’image !

Ce qui était important pour nous également dans le mot « usine » était d’expliquer cette notion de machine-outil qu’il y avait à l’intérieur, bien calibrée et spécifiée pour faire chacune leur travail. »

Pourriez-vous expliquer de façon simple comment vous parvenez à traiter les flux de données hétérogènes (sources multiples, structurées et non structurées) ?

« Comment parvient-on à gérer différents flux de données et à les faire interagir entre eux et à leur donner du sens ? La plateforme a été pensée pour ça : comment recevoir des flux de différents formats en temps réel ? Un module basé sur une technologie « code source » qui va permettre de faire des correspondances a été développé et ne fait que ça. Il se nourrit de données de tout horizon et réinterprète ces données pour qu’elles se comprennent entre elles. »

La machine va définir la stratégie des entreprises de demain ?

« Je dirai plutôt que les stratégies de demain ne pourront pas écarter ces outils-là. Pour moi, le Big Data remplacera les cadres moyens dans certaines activités.

Nous donnons des cours dans les écoles d’Ingénieurs informatique et les universités car l’idée n’est pas d’en avoir peur. Il faut essayer de comprendre ce qu’il se passe, d’apprendre à utiliser ces nouveaux outils plutôt que de les rejeter.

Aujourd’hui, c’est une évidence que ces produits sont partout, les IoT sont partout. Dans nos smartphones, il y a plus de 70 % de nos applications mobiles qui utilisent le Big Data, qui utilisent les machine learning pour nous faire des propositions BtoB ou BtoC. Nous expliquons aux étudiants qu’ils devront intégrer ces outils pour ne pas être en retard par rapport à leurs collègues. Il faut apprendre à travailler avec ce genre d’outils. »

Selon vous, la valorisation analytique d’une entreprise peut être une opportunité de différentiation : pouvez-vous développer ?

« Quand on parle du Big Data, on parle d’une nouvelle source de richesse : c’est le nouvel or noir. Nous, chez HUPI, notre métier est de faire des recommandations automatisées et en temps réel. C’est-à-dire que l’analytique souvent est entendu par des personnes qui vont se rapprocher de la Business Intelligence.

L’analytique au sens HUPI regroupe les modèles mathématiques qui peuvent guider sur des choix stratégiques : hausse ou baisse de prix sur un produit.

A partir de l’historique des données d’une entreprise et tout le flux de données qu’elle reçoit, elle peut créer de nouveaux services intelligents qui pourront faire une différentiation par rapport à sa concurrence. C’est là qu’est tout l’intérêt pour une entreprise. »

Dernière question plus générale : Vous avez participé avec la CCI Pays basque à des présentations sur le « Big Data par et pour les nuls » fin 2016 et cette année ? Qu’est-ce qui a suscité cette démarche ? Quel est votre ressenti sur le niveau d’appropriation du Big Data dans les entreprises ?

« Le sujet est travaillé depuis deux ans et demi avec la CCI. Au départ, c’était davantage une « évangélisation ». Le mot « big data » au début, tout le monde l’entendait mais n’en comprenait pas vraiment les tenants et les aboutissants. Pour beaucoup, il y avait quelque chose qui se passait.

Donc le travail d’évangélisation a été d’expliquer la définition du Big Data pour que tous comprennent ce que HUPI pouvait leur offrir dans leur cadre métier. L’explication sort de l’aspect purement technique, perçu comme très complexe, pour partir des usages et des problématiques actuels métier des entreprises.

Aujourd’hui ce que l’on relève de plus en plus, c’est que les sociétés comprennent, veulent y aller mais ne savent pas encore par quel bout le prendre car elles n’ont pas encore de retour sur investissement. Les dirigeants comprennent aujourd’hui dans quels secteurs d’activités ils pourraient l’appliquer mais sont encore dans la réflexion de comment l’intégrer dans leur processus métier, que ce soient des PME ou des grands groupes. Comment intégrer ces parties là car elles ne sont pas encore très maîtrisées. Les entreprises ne rajoutent pas de nouveaux services sans réfléchir.

Quand on travaille avec un client, il y a deux cas de figure : arriver à l’accompagner dans une problématique connue qu’il n’arrive pas à résoudre. Dans ce cas, nous nous opposons à des experts dans ces métiers-là. Il devient vite très compliqué d’expliquer qu’avec une technologie il est possible de trouver une solution alors qu’eux experts n’y parviennent pas.

Notre astuce c’est de présenter nos services comme étant complémentaires pour accompagner à la prise de décision. Quand on est dans l’accompagnement, les discussions sont beaucoup plus simples. Ce qui permet aux experts de recroiser les données avec leurs expertises, leurs connaissances ou d’autres sources d’informations et donc de les intégrer à la démarche. 

Le Big Data et le management de l’information en général devraient aider à repenser et restructurer l’entreprise ?

« C’est exactement ça. Aujourd’hui, dans le monde industriel, les dirigeants devront intégrer ces nouveaux services dans leur fonctionnement. Une entreprise qui ne s’intéresse pas à ce sujet et qui ne l’intègre pas au moins pour avoir une vision globale sur ce qu’il se fait ou ce qu’il pourrait faire, passerait à côté d’un sujet qui pourrait être vital pour l’entreprise. Mais aujourd’hui le Big Data est encore pour eux en phase d’expérimentation. »

Nous arrivons à la fin de cette interview. Merci beaucoup de la qualité de cet échange et de votre disponibilité.

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