Comment concilier transition numérique et écologie?

LA TRANSITION NUMÉRIQUE EST-ELLE RÉELLEMENT UNE PRIORITÉ POLITIQUE EN FRANCE?

Actuellement, l’expression « transition numérique » est devenue l’expression tendance des politiques, des managers et des experts, elle est considérée comme un des buzzwords[7] de ces dernières années, notamment dans le monde des entreprises. Pourtant, ce processus de transition numérique a mis du temps à s’installer en France. 

Ainsi, pour que le développement du numérique et écologie ne soient plus incompatibles, un livre blanc « Numérique et Environnement »[8] a été publié en mars 2018.
Ce livre est issu d’une coopération entre : l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing), GreenIT.fr et le WWF France avec la contribution du Conseil national du numérique et le réseau Transition, tous œuvrent pour faire coopérer la transformation numérique et la transition écologique. L’objectif essentiel de ce livre est de faire converger numérique avec écologique, il synthétise 26 propositions d’action à destination des acteurs publics afin de réduire l’impact écologique du numérique et d’autre part concevoir des nouvelles politiques environnementales grâce aux équipements numériques.
Ces 26 propositions à destination des pouvoirs publics ont été construites autour de quatre (4) axes : 

1

La réduction de l’empreinte écologique du numérique

(allonger la durée de vie des équipements, développer un label « numérique responsable », favoriser la réparation et le réemploi des équipements numériques ainsi que l’écoconception des services numériques)

2

L’utilisation du numérique pour mieux concevoir les politiques écologiques

(« revue numérique » des politiques environnementales, formation des acteurs publics au numérique…)

3

Le soutien de l’innovation numérique en faveur de l’écologie

(engager une « revue écologique » des programmes d’innovation numérique, rapprocher les acteurs de la Green Tech verte et de la French Tech…)

4

La mobilisation du potentiel des données au service de la transition écologique

(développer des outils pédagogiques pour développer la « culture de la donnée » au service de l’écologie…)

Par ailleurs, afin de permettre de relancer ce livre blanc (au bilan assez décevant), un autre rapport intitulé « L’impact spatial et énergétique des datacenters sur les territoires »[9]de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a été publié en février 2019, il présente une étude très complète focalisée sur les problématiques énergétiques liées à la croissance du numérique. Ces deux rapports résument qu’il est urgent de rationaliser, organiser et réguler les activités numériques pour les mettre au service de la transition écologique. De plus, les solutions individuelles ne suffiront pas, seule l’initiative des pouvoirs publics pourrait dessiner les améliorations indispensables pour faire converger ces deux transitions.

VERS UNE « SOBRIÉTÉ NUMÉRIQUE », UNE VISION POSITIVE POUR LE FUTUR

The Shift Project[10] propose une définition de la sobriété numérique : « acheter les équipements les moins puissants possible, les changer le moins possible, et réduire les usages énergivores superflus ». Et donc pour que les transitions numériques et écologiques parviennent à s’articuler entre elles, beaucoup d’acteurs du domaine appellent à la sobriété numérique.

Certes, on ne peut pas arrêter complètement l’utilisation d’internet, mais nous pouvons initier de nouvelles pratiques pour limiter l’impact de notre empreinte numérique sur la planète, et ce, en mettant en place des pratiques et des outils concrets : changer nos modes de consommation, relancer l’industrie du reconditionné, de l’éco-conception* et ce, en imposant un aspect économe en énergie dès la fabrication des appareils électroniques par exemple, ou en créant des applications et logiciels moins énergivores. Néanmoins, l’ensemble des parties prenantes : les collectivités territoriales, les entreprises, les citoyens, les ONG mais aussi les décideurs politiques doivent associer leurs efforts pour garantir un meilleur progrès vers une démarche de conception numérique responsable ( Green IT ) qui a pour principal objectif de réduire l’empreinte du numérique, cette politique doit être engagée, et doit s’inscrire dans la durée.

*** Principaux groupes de travail spécialistes du numérique responsable, (organisations privées et publiques) référencés par le Club Green IT dans un rapport intitulé « Du Green IT au numérique responsable »[11]:

Club Green It Le Club Green IT regroupe des responsables Green IT, développement durable / RSE et innovation de grandes entreprises françaises publiques et privées telles que Aperam, CNR, la DGA, Engie, Informatique CDC, IT-CE groupe BPCE, La Poste, SNCF, Pôle Emploi, Renault, RTE, Société Générale, Solocal, etc. et l’Université de La Rochelle comme membre académique invité. http://club.greenit.fr
Alliance Green IT (AGIT) est l’association des professionnels engagés pour un numérique éco-responsable. Créée en 2011, l’AGIT a pour mission de fédérer les acteurs du green IT pour contribuer au débat public sur la place des TIC dans le développement durable. http://alliancegreenit.org
Réseau de grandes entreprises et d’administrations publiques françaises, le Cigref a pour mission de développer leur capacité à intégrer et à maîtriser le numérique. En 2018, le Cigref regroupe près de 150 grandes entreprises et organismes français dans tous les secteurs d’activité. Par la qualité de sa réflexion et la représentativité de ses membres, le Cigref est un élément fédérateur de la société numérique. http://www.cigref.fr
Le Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D), créé en 2007est une association de type loi 1901, réunissant plus de 120 directeurs du Développement Durable et de la RSE d’entreprises et organisations diversifiées, représentant plus 2,5 millions de salariés en France. L’ambition du C3D est d’être une association de référence des acteurs qui œuvrent pour des entreprises plus responsables. http://www.cddd.fr
Le Collectif Conception Numérique Responsable : il regroupe environ 80 organisations privées et publiques qui contribuent à la création des outils opérationnels de référence – méthodes d’évaluation, référentiels, outils en ligne, etc. – dédiés à la conception responsable de service numérique. Ouverts, transparents, et consensuels, ces outils facilitent l’adoption de la démarche par le plus grand nombre. http://collectif.greenit.fr/
GreenIT.fr est la communauté historique du numérique responsable en France où elle a fait émerger et populariser le Green IT dès 2004, puis de l’écoconception logicielle en 2009 et de la conception responsable de service numérique à partir de 2014. GreenIT.fr fédère les meilleurs experts français et européens en numérique responsable. Considéré comme la référence sur ce sujet, www.greenit.fr fédère chaque année 250 000 individus intéressés par le numérique responsable.
L’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) est une fondation indépendante de recherche sur la transition vers le développement durable. Il anticipe et fait avancer les débats sur le climat, la biodiversité, les océans, la gouvernance du développement durable, à l’échelle internationale, européenne et française. Depuis quatre ans, l’Iddri analyse les bénéfices et enjeux environnementaux soulevés par l’irruption du numérique. https://www.iddri.org/
Le WWF France est l’une des toutes premières organisations indépendantes de protection de l’environnement dans le monde. Avec un réseau actif dans plus de 100 pays et fort du soutien de près de 6 millions de membres, le WWF oeuvre pour mettre un frein à la dégradation de l’environnement et construire un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature. Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien afin d’offrir aux générations futures une planète vivante. Avec ses bénévoles et le soutien de ses 220 000 donateurs, le WWF France mène des actions concrètes pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espèces, assurer la promotion de modes de vie durables, former les décideurs, accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte écologique, et éduquer les jeunes publics. https://www.wwf.fr/

Notes et références:

[7]Buzzword est un terme ou une expression de jargon qui est utilisé pendant une certaine période, comme slogan pour désigner une nouveauté et ainsi attirer l’attention sur cette nouveauté.(Source: Wikipédia)]
[8]Livre blanc numérique et environnement
[9]Ademe / Rapport « L’impact spatial et énergétique des Data Centers sur les territoires« 
[10]The Shift Project est une association française créée en 2010. Elle s’est donné pour objectif l’atténuation du changement climatique et la réduction de la dépendance de l’économie aux énergies fossiles
[11]Source: Groupes de travail spécialistes du numérique responsable