Aux origines du mythe : du rêve à la réalité

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Le rêve de la conception d’une machine qui imiterait ou serait semblable à l’homme remonte aux temps anciens.

 

De « machine à faire » à « machine à raisonner »

Le fantasme de la création d’une machine qui imiterait ou serait semblable à l’Homme remonte aux temps anciens. Cette idée serait présente déjà dans les textes d’Homère, notamment à travers les fabrications du dieu Héphaïstos censées offrir aux Hommes un monde sans travail. Ainsi les Olympiens pouvaient vivre une vie sans effort ni contrainte, où des « créatures artificielles remplacent en quelque sorte les esclaves des sociétés humaines en se chargeant des travaux les plus répétitifs et les plus pénibles, des tâches les plus rébarbatives. » (Leveau-Vallier, 2023). N’est-ce pas ce que l’on attend des IA aujourd’hui ?

Le philosophe et théologien catalan, Ramon Lulle (1232-1315) fait figure de précurseur grâce à ses travaux sur les « machines à raisonner ». Son influence est substantielle, puisque ses recherches inspirent, quelques siècles plus tard, le mathématicien, logicien et philosophe allemand, Gottfried Leibniz (1646 – 1716), inventeur du calcul différentiel et du calcul intégral. (Saporta, s. d.)

L’apport du philosophe anglais Thomas Hobbies (1588-1679) est tout aussi significatif. C’est sur la base du postulat  thinking is reckoning (calculer c’est penser) qu’il développe l’idée selon laquelle la pensée n’est qu’un calcul qui suit un ensemble de règles. Ainsi, « pour créer une machine qui raisonne comme un être humain, il faudrait des règles, de la logique, de la syntaxe, de la sémantique… ». L’intelligence artificielle symbolique, et notamment les systèmes experts, s’appuie largement sur ce concept. (Grinbaum et al., 2023).

 

De l’« animal-machine» aux automates

Dans son ouvrage L’Homme Machine  (1748), le médecin et philosophe Julien Offray de La Mettrie (1709-1751), réputé pour ses mœurs libertines, explore quant à lui une idée aventureuse et controversée, à savoir, la possibilité de considérer l’Homme comme une machine. Inspiré par le concept d’« animal-machine » formulé par René Descartes dans son Discours de la Méthode, La Mettrie s’inscrit dans le courant philosophique du mécanisme.

La passion des machines et des automates est la grande spécialité de l’inventeur et mécanicien français, Jacques Vaucanson (1709-1782) connu pour son « Canard digérateur ». Nous sommes loin de la machine pensante, mais ses réalisations ouvrent la voie à l’industrie naissante au XVIIIe siècle.

 

De la machine analytique aux prémices de l’IA

Il faudra attendre les années 1840 pour aboutir au premier véritable programme informatique. Nous le devons à la mathématicienne anglaise Ada Lovelace (1815-1852) dont les travaux remarquables aux côtés de Charles Babbage aboutissent à la création de l’ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique. Il s’agit de la première méthode de programmation d’un prototype de machine à calcul, qu’elle explique en ces termes : «La machine analytique n’a pas la prétention de donner naissance à quoi que ce soit. Elle peut effectuer tout ce que nous savons lui ordonner.» (Papon, 2019)12.

Portrait d'Ada LOVELACE générée par l'Intelligence Artificielle
ADA LOVELACE – Portrait créé avec l’Intelligence Artificielle – Midjourney

La machine développée en 1936 par le mathématicien et cryptologue Alan Turing (1912-1954), connu pour avoir déchiffré le code de la machine Enigma utilisée par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, marque une nouvelle étape dans les avancées scientifiques. Son appareil est en mesure d’effectuer des calculs en se servant de symboles, d’une mémoire et des instructions pour réaliser des opérations. Turing propose un parallèle entre le fonctionnement du cerveau humain et la machine. Pour répondre à la question : « Les machines peuvent-elles penser comme un humain ? », il développe le « test de Turing » qui est censé déterminer la capacité de la machine à imiter l’Homme et à le convaincre qu’elle est humaine. (Papon, 2019)

Si à ce jour il n’existe pas de machine capable de penser comme un être humain, l’histoire a prouvé qu’un programme peut le tromper. En 1965, le professeur Joseph Weizenbaum (1923-2008) construit la machine Éliza qui restera dans les annales pour l’effet qu’elle pouvait produire sur l’Homme. En simulant un psychothérapeute qui reformule une affirmation en question, elle a pu provoquer une réaction inconsciente par laquelle son comportement (de logiciel) a pu être assimilé à celui d’un être humain. (Grinbaum et al., 2023)

 

Les « machines parlantes »

Avec l’invention en 2017 des Transformers — des programmes autrement plus sophistiqués que Éliza — les «machines parlantes» sont passées du rêve à la réalité. ChatGPT, ses frères et sœurs artificiels et leur lot de belles promesses sont définitivement établis dans notre quotidien. L’introduction de l’IA dans le travail conduira inévitablement à une reconfiguration des activités humaines. Elle implique de nouveaux usages et pose la question de la redistribution des rôles. (Zouinar, 2020) 13

Aussi, pour faire face aux défis que représentent les intelligences artificielles dont il est le créateur, l’Homme n’a probablement d’autre choix que d’user et abuser de son esprit — celui que Raphaël Enthoven qualifie «d’étrange étoffe dont l’humanité est faite et que la machine ne synthétise pas».

 


1/ Es-tu doté d’intelligence ?
ChatGPT : En tant qu’intelligence artificielle, je suis conçu pour traiter et générer du langage naturel, ce qui me permet d’interagir avec les utilisateurs de manière utile et significative. Bien que je puisse simuler une forme d’intelligence en répondant à une variété de questions et en effectuant différentes tâches, il est important de noter que cette intelligence est basée sur des modèles statistiques et des algorithmes, et non sur une compréhension ou une conscience humaine au sens traditionnel. Mon but est d’assister et de fournir des informations pertinentes en fonction des données que j’ai été entraîné à traiter.

2/ Quel type d’IA es-tu ?
ChatGPT : Je suis une intelligence artificielle basée sur le modèle GPT (Generative Pre-trained Transformer), développé par OpenAI. Je suis basé sur la version GPT-3.5, qui est conçue pour comprendre et générer du langage naturel de manière avancée. Les GPT utilisent des réseaux de neurones profonds pré-entraînés sur de vastes ensembles de données textuelles, ce qui leur permet d’apprendre des modèles de langage et de générer des réponses cohérentes et pertinentes. Ces modèles sont utilisés pour générer du texte, la traduction automatique, le résumé automatique, l’assistance à la rédaction, la recherche d’informations et bien d’autres domaines où la compréhension et la génération de texte sont nécessaires.

3/ Puis-je me fier à toi ?
ChatGPT : Mon objectif est de fournir des réponses précises et utiles en fonction des informations disponibles dans les données sur lesquelles j’ai été formé. Cependant, il est important de garder à l’esprit que je suis une intelligence artificielle et que je peux parfois produire des réponses qui ne sont pas toujours parfaites ou appropriées dans toutes les situations. Je ne suis pas infaillible et il est toujours judicieux de vérifier mes réponses, surtout si elles concernent des informations critiques ou des décisions importantes.

Interaction avec ChatGPT 3.5 du 10 mars 2024


Bibliographie