Les ambiguïtés des données

Traitement versus médiation

Traitement

En résumant et en simplifiant, les data scientists vont notamment chercher à mettre en œuvre l’automatisation de l’apprentissage des machines (machine learning) dans leur quête de reconnaissance de motifs en fonction d’objectifs qui ont été fixés. L’informatique regroupe de nombreux métiers et nombreuses compétences pointues. Toutefois, dans le périmètre qui nous intéresse ici, du point de vue des données, l’informatique raisonne et se fixe comme finalité le traitement automatisé des données.  

Médiation

Pour que les données puissent être transformées en informations et en connaissance et faire sens auprès des usagers ou commanditaires, une action de médiation est requise. Le dictionnaire de l’information la définit comme l’ « action de s’entremettre pour produire un accord ou réguler une situation », et explique que cette question est au cœur de la société de l’information et de la communication. Les professionnels de l’information ont un rôle à jouer et doivent proposer leur expertise, en amont, dans l’élaboration des systèmes d’information et /  ou être en appui des usagers en aval.

Par ailleurs, dans le Big Data et dans la société de l’information d’une façon générale, tout le monde produit de l’information. Dans les organisations, les professionnels précités peuvent créer les conditions pour que les données soient structurées dès le départ en auditant les activités et en étudiant les flux métiers. Manager l’information concerne, par exemple pour le chercheur, la veille, la recherche, le traitement et la diffusion de l’information. Ils peuvent aussi associer les collaborateurs à une démarche de responsabilisation vis-à-vis des données qu’ils produisent et les accompagner dans leur montée en compétence sur le personal knowledge management – à un niveau individuel donc – et sur les pratiques attendues dans l’organisation (animation de session de formation, construction de dispositifs intuitifs, architecture de l’information telle que l’expérience utilisateur passe au premier plan etc.). Les collaborateurs ne sont égaux face à la gestion de l’information et n’ont surtout la plupart du temps ni les mêmes logiques ni les mêmes réflexes (ni les mêmes personnalités en fin de compte !).

Quiconque travaille dans une grande structure ou bien recherche des informations précises sur des portails institutionnels sait au combien il est parfois difficile d’obtenir la bonne information (valable) au bon moment.

Dans les entreprises de taille significative, d’un point de vue documentaire, c’est le Records Management qui vise à répondre à cette problématique en proposant l’organisation de documents applicables même si l’expliquer de la sorte est très réducteur.

Concernant la diffusion d’information à destination de l’ensemble des collaborateurs ou de division organisationnelle en particulier, on cherche à répondre à ce besoin par des intranets dont les fonctionnalités évoluent aussi au fil des ans pour converger aujourd’hui pour certains vers des réseaux sociaux d’entreprise (RSE).

Le travail collaboratif s’effectue quant à lui sur des serveurs de fichiers traditionnels, logique assez répandue, des espaces de travail collaboratif ou dans des outils collaboratifs spécifiquement mis en œuvre.

La principale limite rencontrée dans « cette coexistence technologique » est la « mise en silo » de l’information et de la documentation et l’absence de lien véritable entre, non pas les technologies, mais les contenus et le sens de ces contenus. Le savoir est en quelque sorte « fragmenté ». A ceux qui diraient « c’est accessoire, non ? », nous répondons que cela peut constituer un vrai problème ; ou plutôt un véritable axe d’amélioration. Manager avec efficacité l’information s’inscrit complètement dans l’intelligence économique.

Les systèmes en place sont souvent très influencés par les outils présents et prédominants sur le marché et ces derniers sont proposés par des éditeurs se livrant une concurrence impitoyable. Ils mènent donc le jeu de l’interopérabilité et de la richesse fonctionnelle en fonction de leurs propres plans. Les produits sont parfois très peu personnalisés aux besoins véritables des usagers.

Il est difficile voire impossible de quantifier le gain relatif à la valorisation et l’exploitation de ce patrimoine immatériel que constitue les corpus info-documentaires des organisations. Ces aspects sont souvent mésestimés dans les sciences de gestion  et dans les méthodologies, même modernes, visant à configurer puis déployer les systèmes d’information. Concernant les softwares, la culture anglo-saxonne prédomine avec la logique de briques applicatives telles que nous la connaissons aujourd’hui et l’ « obsolescence programmée ». Elle apporte des outils, certes d’une grande qualité et d’une conception remarquable mais cela reste … des outils. D’autre part, les utilisateurs ne connaissent éventuellement que leurs propres besoins lorsqu’ils sont consultés. Or, avec la profusion de données et d’information, il faut plus que jamais raisonner en termes de dispositifs d’information et de communication et ce, avec une vision systémique. Valoriser, diffuser tout en protégeant l’information stratégique qui est à la base de tous processus de décision au sein des organisations.

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