Le facteur d’impact

En 1960, le chercheur en science de l’information Eugène Garfield crée le facteur d’impact qui est un indicateur bibliométrique censé évaluer la notoriété d’une revue. Pour une année N, le facteur d’impact (FI) se calcule en faisant le ratio entre le nombre de fois où des articles de la revue ont été publiés au cours des deux années précédentes (N-1 et N-2) sont cités au cours d’une année N et le nombre d’articles que cette revue a publié au cours des deux années précédentes (N-1 et N-2). Le nombre de citations est calculé selon la base de données bibliographique Web of Science Core Collection (WoS) qui compte environ 12 000 revues : Comme l’explique Vincent Larivière, chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie, cet indicateur ne mesure l’impact qu’à court terme et, quand il a été conçu, son seul but était d’aider les bibliothèques à choisir les revues auxquelles elles devaient s’abonner, en indiquant aux bibliothécaires les revues les plus citées. Cependant, un glissement s’est opéré : il a été utilisé pour évaluer un article, puis pour évaluer les chercheurs.

Autrement dit, cet indicateur qui servait à l’origine à mesurer l’impact d’une revue est devenu un critère pour évaluer la qualité de la recherche et donc pour évaluer les chercheurs. Or, l’obtention
d’une bonne évaluation conditionne l’avancement du chercheur et le montant des subventions reçues par le laboratoire. Ce critère d’évaluation a donc incité les chercheurs à privilégier certaines revues qui jouissaient d’une plus grande visibilité et a donc été un des facteurs ayant favorisé l’émergence et la domination des grands éditeurs commerciaux. L’usage détourné qui est fait de cet indicateur est très critiqué aujourd’hui tant pour les effets pervers qu’il entraîne que pour ses nombreux biais, notamment car :

  • il prend en compte l’autocitation et il peut de cette manière là être gonflé artificiellement
  • il ne mesure pas la qualité d’un article
  • il favorise les chercheurs qui publient beaucoup
  • il est très variable selon les disciplines qui ne peuvent être comparées

Aujourd’hui, les initiatives en faveur de la Science Ouverte remettent en question le facteur d’impact et proposent de prendre en compte de nouveaux critères pour l’évaluation des chercheurs. Par exemple, le Plan national pour la Science Ouverte (4 juillet 2018) souhaite « réduire l’emprise de l’évaluation quantitative au profit de l’évaluation qualitative » et donc « reconnaître la science ouverte dans les évaluations des chercheurs et des établissements ».

Bibliographie

CoopIST-CIRAD « Le facteur d’impact et ses indicateurs associés pour évaluer une revue » URL : https://coop-ist.cirad.fr

LARIVIERE Vincent, « Facteur d’impact: définition du concept » vidéo de la chaîne youtube du CIRST (Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie) appartenant à l’Université de Montréal. URL : https://www.youtube.