Comment la réalité virtuelle peut aider à traiter les Phobies et les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) ?

homme portant un casque de réalité virtuelle
©Pixabay.Source:https://pixabay.com/fr/photos/virtuel-r%c3%a9alit%c3%a9-virtuelle-3460451/ Titre : Virtuel, Réalité virtuelle, La technologie. Auteur:JESHOOTS-com

Considéré comme une révolution dans le domaine de la thérapie, plus précisément dans le traitement des différents troubles tels que, les phobies et les troubles obsessionnels compulsifs, le dispositif de réalité virtuelle permet d’offrir une alternative à la méthode dite traditionnelle.

En constant développement dans divers domaines, comprenant le domaine de la santé mentale, la réalité virtuelle s’appuie sur un contexte spatial (lieu, environnement) réel auquel sont ajoutés des facteurs virtuels, c’est une sorte d’amélioration de la réalité qui se présente à nous. Ce type de technologie est utilisé dans différents domaines. L’un des objectifs, étant d’apporter une aide aux patients souffrant de TOC (troubles obsessionnels compulsifs) et de phobies. Ce processus permet aux psychologues et aux psychiatres d’aider leurs patients, tout en les émergeant petit à petit dans une réalité exposant leur angoisse. Nous allons plus amplement étudier dans cet article, comment ce dispositif numérique peut aider à traiter les troubles phobiques et les TOC, afin de mieux comprendre le déroulement d’une visite virtuelle.


La réalité virtuelle : outil pour l’exposition thérapeutique

Qu’est-ce que l’exposition thérapeutique ?

D’après les définitions existantes, il s’agit d’une technique de traitement souvent utilisée pour les troubles anxieux et phobiques. Cette dernière, consiste à ce que le patient soit exposé de manière progressive et répétée à l’événement de peur, pouvant ainsi l’aider à s’habituer à la situation et à réduire son anxiété. D’après des recherches, cette technique est particulièrement efficace pour les troubles spécifiques tels que la phobie des serpents, la peur du vide ou l’agoraphobie (la peur de la foule), entre autres.

L’exposition graduelle au stimulus qui provoque la peur ou l’obsession chez le patient, fait partie intégrante de la thérapie traditionnelle. Cependant, il existe certaines situations qui ne permettent pas leur application, de par leur complexité et leur dangerosité. C’est là qu’intervient la réalité virtuelle (RV).

Qu’est-ce qu’un Trouble Obsessionnel Compulsif ?

Si nous nous référons aux sites Québec et de la sécurité sociale, les TOC sont définis par des pensées dérangeantes et répétitives, voire même obsédantes, ainsi que par des comportements compulsifs qui traversent l’esprit malgré le désir ou la volonté d’une personne atteinte. Les mouvements et les pensées peuvent être difficiles à contrôler, puisque la personne atteinte est incapable de bloquer ses pensées même si elles n’ont pas réellement de sens. Il en résulte une importante anxiété chez l’individu. L’un des traitements des TOC inclut fréquemment l’utilisation d’une technique appelée « exposition avec prévention de la réponse », qui consiste à placer le patient face à l’élément déclencheur des pensées obsessionnelles, en l’incitant à ne pas se livrer aux comportements compulsifs ou aux rituels associés.

Qu’est-ce qu’une Phobie ?

Encore une fois, si nous nous référons aux sites Québec et de la sécurité sociale, les phobies sont des peurs irraisonnées et intenses associés à différentes situations, objets ou êtres tels que la phobie des reptiles ou encore la peur et l’angoisse dans les espaces clos ou sombres. D’ordinaire, ces événements ne représentent pas un réel danger. La phobie, déclenche souvent un ou de plusieurs symptômes tels que des palpitations, des tremblements, etc. Afin de traiter ce problème, il existe en premier instance la thérapie utilisant l’exposition. Cette solution implique d’être exposé de façon progressive et de manière répétée face à l’élément déclencheur. Ce processus peut être réalisé de façon imaginaire ou encore en situation réelle. Cependant, certains événements, sont difficiles à reproduire et c’est à ce moment précis que la réalité virtuelle intervient.

Comment la réalité virtuelle peut aider à l’exposition thérapeutique ?

La RV est un dispositif qui permet d’immerger une personne dans un monde artificiel créé numériquement. Dans certains cas, il peut s’agir d’une réplique du monde réel ou dans d’autres, d’un univers complètement fictif. L’expérience est visuelle, auditive et parfois haptique grâce à la génération d’un retour de plusieurs effets. Cette technologie numérique a pour but d’immerger les individus au sein d’un environnement totalement virtuel qui reproduit un décor réel ou fictif et qui est uniquement créé par des logiciels. Les utilisateurs s’immergent et accèdent à cet univers virtuel grâce à l’utilisation de casques et dans ce cas, le sens de la vue est complètement stimulé. De plus, le dispositif de réalité virtuelle permet aux professionnels du domaine de la santé de réguler l’intensité de l’exposition et ainsi, d’adapter l’environnement aux besoins du patient.

Illustration de nos propos, grâce à un exemple d’utilisation de la réalité virtuelle dans le traitement des phobies et des TOC

La réalité virtuelle est utilisée dans le traitement de diverses phobies et troubles anxieux, tels que la phobie sociale (trouble d’anxiété sociale (TAS)), la phobie des hauteurs (acrophobie), la phobie des espaces clos (claustrophobie), la phobie de la foule (agoraphobie), les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) entre autres. Souvent, les TOC sont associés par les cliniciens aux troubles anxieux. Par exemple, pour une personne souffrant de phobie des chiens, une séance d’exposition thérapeutique en réalité virtuelle pourrait impliquer une immersion dans un environnement virtuel avec des chiens, en commençant par des images statiques et en progressant vers des mouvements et des sons plus réalistes.

Pareillement, cette solution est utilisée dans le traitement des TOC, en vue de réduire les obsessions. Celle-ci, se définit par l’exposition à des situations principalement fondées sur la théorie du traitement émotionnel que le patient évite habituellement, comme toucher des surfaces « sales » ou « contaminées ». La finalité étant de remplacer les pensées négatives par des réactions appropriées à la réalité. Dans l’éventualité où le patient ne réagit pas à la RV, alors le soignant peut revenir à un traitement traditionnel.


Les avantages de la réalité virtuelle pour le traitement des phobies et des TOC

Réduction de l’anxiété

Plusieurs études ont montré que l’utilisation de la réalité virtuelle dans le traitement des phobies et des TOC peut aider à réduire l’anxiété du patient. Par exemple, une étude publiée en ligne en 2019 dans la revue scientifique « Frontiers in Psychiatry » dont le titre est « Using virtual reality exposure therapy to enhance treatment of anxiety disorders : Identifying areas of clinical adoption and potential obstacles » écrit par Debra Boeldt, Elizabeth McMahon, Mimi McFaul et Walter Greenleaf, a montré que les patients souffrant de phobie et d’anxiété qui ont été traités avec la réalité virtuelle ont connu une diminution de leurs symptômes. Aussi, d’après cette même recherche, cela nous permet de comprendre comment la RV peut augmenter l’acceptabilité et l’efficacité du traitement de l’anxiété.

Une autre étude publiée en ligne en 2006 dans « The American Journal of Psychiatry » a démontré que l’utilisation de la réalité virtuelle pour le traitement de l’acrophobie (phobie des hauteurs) a permis une baisse de la peur des hauteurs. Cette recherche à permis de mesurer l’anxiété, l’évitement, les attitudes et la détresse associées à l’élément déclencheur c’est à dire la hauteur avant et après traitement.

Un environnement maîtrisé

Le procédé utilisant la réalité virtuelle dans le traitement des TOC, présente plusieurs bénéfices par comparaison aux thérapies traditionnelles, même si la RV s’inscrit dans les thérapies comportementales et cognitives. Elle offre un environnement surveillé et rassurant pour les patients, ainsi qu’un traitement personnalisé. En effet, la RV permet d’être « moins brutale qu’une exposition réelle » , cette dernière pouvant être par moment « trop dure pour les patients » , comme le mentionne le Médecin psychiatre à Marseille et spécialiste de la thérapie par exposition à la réalité virtuelle (TERV) Eric MALBOS, dans l’article « Traitement des phobies: pourquoi pas la réalité virtuelle? » de Marlene Fouchey. De ce fait, cela se répercute sur la réduction du stress et de l’anxiété que les patients peuvent ressentir face aux troubles.

Une gêne constante peut être engendrée dans la vie quotidienne des individus suite à ces « pathologies »

Dans cette perspective, les résultats d’une étude de recherche sur l’implication de la RV portant sur les troubles anxieux, ont été publiés en février 2012. Ces données, peuvent être observées dans l’article de recherche intitulé « Virtual reality exposure therapy in anxiety disorders : A quantitative meta-analysis: Virtual Reality Exposure Therapy » publié dans le tome 29, numéro 2 de la revue « Depression and Anxiety ». Cette étude est une méta-analyse concernant la thérapie d’exposition à la réalité virtuelle (VRET). L’objectif a été de comparer l’efficacité de la thérapie d’exposition à la réalité virtuelle avec celle des traitements classiques pour les troubles anxieux. Les auteurs de l’étude, David Opris, Sébastien Pintea, Azucena García-Palacios, Cristina Botelle, Stefan Szamosközi, et Daniel David ont examiné les résultats de 23 études suite à une « recherche exhaustive de la littérature » (Opris et al . 2012) portant sur le traitement des troubles anxieux. Cette méta-analyse a révélé que la réalité virtuelle donne de bons résultats en ce qui concerne ces troubles.


Les inconvénients de la réalité virtuelle.

Malgré un certain nombre d’avantages, la réalité virtuelle présente également des inconvénients. Tout d’abord, celle-ci nécessite un budget conséquent destiné à l’achat et à l’entretien du matériel spécialisé tel que les casques à RV et les logiciels permettant de tracer le suivi des patients. Néanmoins, cela peut être un investissement sur le long terme, qui permet dans certaines situations un avantage financier (exemple pour la phobie des avions). Aussi, la méthode de la RV ne permet pas de remplacer les traitements traditionnels, puisque le rôle du thérapeute reste central dans ce genre de traitement, comme l’explique Stéphane Roy dans « L’utilisation de la réalité virtuelle en psychothérapie ». Encore, elle n’est pas réalisable sur des individus ayant certaines pathologies, notamment en ce qui concerne les personnes épileptiques photosensibles.

Imaginez pouvoir affronter vos peurs à travers un environnement dématérialisé, où seule la réalité virtuelle reproduit les objets

Cela est possible depuis 1990. La RV est depuis utilisée pour traiter les TOC et les phobies, en plus des traitements dits traditionnels. Chaque individu étant unique, les séances de traitement peuvent varier en termes de durée et de fréquence. Pour ce faire, l’utilisation d’un casque de réalité virtuelle ainsi que de logiciels adaptés permettant le suivi des résultats patients est nécessaire. Les différentes étapes planifiées dans le programme, permettent de reproduire les situations qui déclenchent l’anxiété ou la peur chez le patient. Toute personne ayant un quelconque trouble (phobie, TOC) peut se voir utiliser ce genre de procédé pour remédier à ces « pathologies », à condition d’être compatible avec cette méthode. Concernant le budget lié à ce genre de traitement, le prix d’une séance peut fluctuer d’un soignant à un autre.


Bibliographie

    • Boeldt, D., McMahon, E., McFaul, M., & Greenleaf, W. (2019). Using Virtual Reality Exposure Therapy to Enhance Treatment of Anxiety Disorders : Identifying Areas of Clinical Adoption and Potential Obstacles. Frontiers in Psychiatry, 10, 773. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2019.00773
    • Effectiveness of computer-generated (virtual reality) graded exposure in the treatment of acrophobia. (1995). American Journal of Psychiatry, 152(4), 626‑628. https://doi.org/10.1176/ajp.152.4.626
    • Lognoul, M., Nasello, J., & Triffaux, J.-M. (2020). La thérapie par exposition en réalité virtuelle pour les états de stress post-traumatiques, les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles anxieux : Indications, plus-value et limites. L’Encéphale, 46(4), 293‑300. https://doi.org/10.1016/j.encep.2020.01.005
    • Opriş, D., Pintea, S., García-Palacios, A., Botella, C., Szamosközi, Ş., & David, D. (2012). Virtual reality exposure therapy in anxiety disorders : A quantitative meta-analysis: Virtual Reality Exposure Therapy. Depression and Anxiety, 29(2), 85‑93. https://doi.org/10.1002/da.20910